Vers la privatisation des océans

Ce lundi 8 décembre, Ifremer avait ouvert l’amphithéâtre de son site de Lorient à Yan Giron à l’occasion du dernier des «lundis de la mer» de 2014.

Yan Giron, qui a rédigé avec Alain Le Sann le rapport Blue Charity Business, s’inquiète fortement de la manière dont les fondations américaines – en particulier le PEW Environment Group – conçoivent et pratiquent leur activité de préservation de l’environnement, principalement dans le domaines des océans.

En mobilisant des sommes considérables – produit de l’investissement de leur capital sur les marchés boursiers – elles militent pour la mise en place de vastes zones protégées où les activités de pêche soient exclues ou drastiquement limitées. Elles commencent, pour certaines, à passer des accords les amenant à gérer de telles zones de manière entrepreneuriale (dans une évolution que l’auteur qualifie de corporatisation) et privée (on parle de «Privately Protected Areas»).

Il s’agit là d’une évolution majeure pour la mer, qui est, normalement, un espace public, détenu et géré par les états. Cette évolution pourrait, selon Yan Giron, ouvrir la voie à un accaparement des océans qui permettrait la financiarisation des actions environnementales : possibilités de «compenser» par la sanctuarisation de zones de l’océan des dégâts environnementaux commis par ailleurs, un peu à l’image des droits d’émission de gaz à effet de serre.

Contre cette évolution «anglo-saxone», Yan Giron prône le modèle «latin» qui tente de garantir la mixité des usages. Interrogé sur l’échelle géographique à laquelle cette mixité des usages peut être assurée, il répond que tout doit se jouer à l’échelle des travailleurs impactés. Une réponse un peu courte pour une intervenante de la salle, pour qui une réflexion partagée est indispensable pour parvenir au respect de la mixité des intérêts. C’est possible, à l’instar de ce qui s’est passé pour la mise en place du parc marin d’Iroise (qui tente d’allier protection écologique et usage humain). Ce n’est pas toujours le cas, comme en témoigne, à l’inverse, la gestion du projet de production d’algues au large de Moelan.

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