Ker Oman : questions – réponses

Damien Girard, des Écologistes du Pays de Lorient, a répondu à nos questions sur la polémique autour du projet Ker Oman..

Le projet de développement du port de DUQM n’est-il pas un projet de coopération légitime ?

Pour qu’il le soit il faudrait s’assurer, d’une part qu’il ne fait pas courir un risque de surpêche dans cette région du monde, d’autre part que les conditions de travail des pêcheurs locaux et des employés du port ne sont pas indignes. À ce stade nous en doutons. C’est pourquoi nous demandons des précisions.

Ne cherchez-vous pas à faire le buzz en vous y opposant ?

C’est ce qu’affirme M. Loher, président de Lorient Agglomération. Nous, nous exposons des faits ou des déclarations avérés. Qu’ils et elles fassent réagir les citoyens est compréhensible.

Cela vous pose-t-il problèmes que des entreprises lorientaises répondent à des appels d’offre de l’étranger ?

Aucunement. C’est normal, ça fait partie de leur boulot. La question c’est de savoir s’il convient de les y aider par du financement public. Et là il faut s’interroger sur l’intérêt social et écologique des opérations envisagées. Nous ne faisons pas autre chose.

Le fait que l’ex vice-président à l’économie de Lorient Agglomération ait pris des parts dans la SAS Keroman vous choque-t-il ?

Il faut préciser qu’il n’était plus élu quand il a pris ces parts. Néanmoins c’est un mélange des genres que nous n’approuvons pas.

Vous dénoncez l’éventuelle importation de poisson en provenance d’Oman, mais l’activité du port de Lorient consiste déjà à travailler, pour une bonne part, du poisson importé. Est-ce un mal ?

Le transport (par camions ou par avions) n’est pas taxé à hauteur des dégâts qu’il provoque. C’est ce qui amène à des situations de ce genre. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les écologistes favorisent les solutions locales autant que possible. Clairement, des importations supplémentaires d’Oman généreraient des difficultés supplémentaires pour les filières de pêche locale.

Ne vaut-il pas mieux importer du poisson de la mer d’Arabie que de surpêcher au large de nos côtes ?

La question de la surpêche est une question majeure, avec les pollutions et la modification du milieu par le changement climatique. Quand il y a surpêche, tout le monde est perdant. Il nous faut mobiliser pêcheurs et scientifiques pour évaluer mieux et plus finement la réalité des risques de surpêche, lutter contre les pollutions et favoriser la biodiversité et la ressource. S’il y a un domaine vers lequel il serait utile de flécher de l’argent public c’est bien celui-là, plutôt que de l’égarer dans des opérations douteuses.