L’Europe autrement

Communiqué de Paul Cornic – conseiller municipal de Lorient

Le 23 juin 2016, les électeurs britanniques se sont majoritairement prononcés pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne après une campagne qui a profondément divisé le pays et où la haine pesait lourdement, ce qui a conduit au meurtre de la députée britannique pro européenne Jo Cox. Nous n’avons pas oublié, une haine analogue était aussi à l’origine de l’assassinat en 2003 de la ministre suédoise des affaires étrangères, Anna Lindh, lors du référendum dans son pays sur la monnaie unique.

C’est apparemment la question de la migration qui a fait pencher la balance, le camp Leave attisant la peur d’une immigration massive notamment en provenance des pays de l’Est ou du Sud, suscitant des relents xénophobes et racistes.

Cela serait-il le résultat d’une partie de poker de la part de M. Cameron pour le bénéfice d’un agenda électoral purement national ?

Il nous appartient maintenant d’essayer de comprendre pourquoi les Britanniques ont fait ce choix et se poser la question comment éviter que d’autres pays européens fassent le même choix.

Entre le RU et l’Union européenne, cela n’a jamais été le grand amour. En effet, une bonne partie de sa population a toujours été contre l’Union européenne, que ce soit avant ou après son adhésion en 1973. A noter en particulier, que la majorité des médias britanniques n’a cessé de mener jour après jour une campagne hostile et mensongère contre elle.

Dans ce pays, le principal soutien à l’Union est venu des grandes entreprises, avant tout de sociétés financières, qui ont tiré une bonne partie de leurs bénéfices du commerce à l’intérieur du Marché Unique. C’est précisément en vue de bénéficier des avantages de ce marché que nombre de ces entreprises ont choisi de s’installer au RU alors même qu’elles n’étaient ni britanniques ni européennes.

Nous devons tous gérer les conséquences de la sortie du RU de l’Union. Elles seront particulièrement importantes pour la Grande-Bretagne, nous ne serons pas épargnés.

Il n’est pas exclu que dans certains États membres – et nous ne savons pas combien – la population, poussée par le funeste vent d’extrême droite qui souffle sur l’Europe, insistera d’organiser également un référendum sur l’avenir de leur pays dans l’Union. Il faut bien dire que, à ce stade, personne n’est capable de prédire l’ampleur de ce genre de revendication. En tous cas nous ne devons pas prendre ce scénario à la légère vu l’étendue du phénomène de rejet de l’Union Européenne, dont nous sommes tous témoins.

A contrario, l’Écosse pourrait organiser très rapidement un nouveau référendum en vue de son indépendance pour rester en Europe, faisant voler en éclats l’unité du Royaume-Uni. Un tel référendum pourrait d’ailleurs aussi renforcer les revendications indépendantistes qui se manifestent dans plusieurs États membres.

Occasion à saisir, le départ de la Grande-Bretagne pourrait très bien être l’électrochoc nécessaire pour relancer l’idée d’une “union sans cesse plus juste et équitable entre les peuples”. S’il y a une réelle volonté de la part des populations de certains pays de l’Union, aussi peu nombreux soient-ils, d’aller de l’avant dans la voie d’une plus grande intégration, leurs responsables politiques pourraient décider qu’il est impérieux de leur présenter un nouveau projet de l’Union et de s’adresser à l’ensemble de leur électorat pour le convaincre de les soutenir dans cette démarche : aller vers une Europe autrement.

Le 24/06/2016
Paul Cornic

 

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