Nous terminons la série d’articles inspirés des notes que Paul Cornic, conseiller municipal écologiste de Lorient, nous a aimablement communiquées concernant la question des dépôts pétroliers de Lorient (voir le 1er article ; voir le 2ème article).
Il est évident que les zones où se trouvent ces dépôts pétroliers mobilisent des enjeux financiers importants. Malheureusement, à notre connaissance, ils n’ont pas été clairement mis sur la table. Cela a pour conséquence que chacun se retranche derrière ce qui lui semble être son intérêt propre immédiat.
La définition d’un PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) c’est d’abord un impact pour les propriétaires riverains. C’est la valeur vénale des biens qui dégringole. On cite l’exemple d’une dame qui veut vendre son appartement dont la valeur aurait été divisée par trois. Pour les propriétaires c’est aussi une charge financière du fait des travaux à mettre en oeuvre (ceux qui sont prescrits obligatoires et ceux qui sont juste recommandés).
Et si, au nom du principe « pollueur payeur », la charge d’indemnisation venait à peser sur DPL, les montants seraient conséquents : On peut lire dans les documents que le PPRT concerne environ 100 hectares. Il y a en moyenne 30 logements à l’hectare donc 3 000 logements sont concernés. On peut aussi lire qu’il en coûte 20 000 Euros par logement. DPL devrait donc se préparer à payer 60 millions d’Euros.
Et si on prend le problème à l’inverse, en se demandant ce qu’on gagnerait à un déménagement des dépôts, les chiffres sont aussi significatifs. Les montants fournis relatif à l’opération BEOL (remplacement de cuves en fin de vie sur le site de Seignelay) permettent d’évaluer la construction d’un nouveau dépôt ailleurs, dans un endroit où cela ne gène personne, à quelque 30 millions d’Euros. Cela libérerait 100 hectares sur le port, à 50 Euros le m², voilà quelque 50 millions de retrouvés. À quoi il faut ajouter que les habitations existantes retrouveraient une valeur normale : 3 000 équivalent logements, soit 150 000 m² regagneraient 500 Euros du m² soit une valeur de 7 millions d’euros.
Bien sûr ce sont là estimations à grands traits. Mais elles nous disent qu’il est peut-être temps de cesser de se tenir réciproquement par la barbichette, en essayant chacun de limiter ses propres dépenses dans la continuité de l’existant.
Nous pensons que l’enquête publique peut être l’occasion de dire que le PPRT ne règle rien sur le fond et qu’il est temps de réfléchir sérieusement à un déménagement des dépôts pétroliers. Une solution qui aurait du sens économiquement et, bien sûr, du sens en termes de risques et de santé. Une solution cohérente avec la perspective d’une véritable transition écologique de l’habitat, des déplacements, de l’alimentation, des énergies … qui reléguerait l’utilisation des produits pétroliers à la portion congrue.