Ces arbres qui gâchent la forêt

Une lectrice nous a envoyé le texte suivant :

Une enquête publique s’est achevée le 10 mars à Lorient. Elle concerne l’aménagement de la Plateforme d’Echanges Multimodale de la ZAC de la gare. Il y est question du chantier de la nouvelle gare de Lorient et des transformations du quartier qui en découleront.

Il est prévu de planter une mini-forêt d’ici 2017 au nord et au sud des voies ferrées de la nouvelle gare de Lorient, depuis le pont Cosmao-Dumanoir jusqu’aux rives du Scorff.

De la même manière, l’ancienne gare et les constructions détruites en limite du Cours Chazelles seront recouvertes par cette « coulée verte » en langage paysagiste.

Le projet est d’envergure. Il s’agit, comme l’indiquent les élus interrogés à la mairie de Lorient de « faire revenir la nature en ville ». Cet aménagement paysager constituera un élément marqueur d’une ville-Nature, engagée dans toutes les transitions, celle touchant l’environnement, l’énergie, les déplacements alternatifs… Fort bien. Dessus les petits arbres, dessous les autos. C’est là que le bât blesse. Car pour ranger les autos (il en reste toujours) il faut des parkings invisibles, donc souterrains. Ce qui implique de creuser et donc d’éliminer tout ce qui est au-dessus. En l’occurrence le splendide alignement de platanes qui sauvent le site à bien des égards depuis près d’un siècle.

Voilà l’affaire révélée : Les arbres gênent le creusement du parking.

Pourquoi garder quelques vieux arbres alors qu’on en plantera des centaines tout au long du site de la gare et bien au-delà ? C’est le grand botaniste des forêts primaires, Francis Hallé, qui résume le mieux l’argumentaire : « Pour nos élus, les arbres sont du mobilier urbain, pas des êtres vivants. Dès qu’ils gênent un peu, on les coupe. Comme les citadins y sont attachés, quand on abat un vieil arbre, on le remplace par trois plus petits. C’est une triple arnaque. Patrimoniale, car rien ne remplace un vieil arbre sur le plan paysager. Financière, car ces jeunes arbres coûtent cher à l’achat, à la plantation et à l’entretien. Et écologique, car la captation des polluants n’est plus la même. C’est une question de surface. Un grand platane couvre 500 hectares si l’on additionne son écorce, ses feuilles et ses racines. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour que la surface cumulée des petits arbres remplace celle de l’ancien. Or beaucoup n’atteindront jamais l’âge adulte, car ils n’ont pas la place de se développer. Les beaux arbres qu’on coupe aujourd’hui ont été plantés il y a un siècle dans de bonnes conditions. Cela n’est plus possible à cause de la densité des réseaux souterrains urbains. »

Il suffirait de presque rien, par exemple raccourcir le parking de quelques dizaines de mètres, pour intégrer cet alignement de platanes dans le projet de ZAC.

Ces jours-ci, sous l’asphalte, le printemps a commencé à glouglouter. Bientôt le grand théâtre de verdure viendra nous enchanter, comme tous les ans … mais pour combien d’années encore ???

« Nous sommes les platanes » a-t-on envie d’écrire et c’est pour cette raison que nous les défendrons. Réagissons ensemble.

Muriel ALLAERT-DEGUNST
Tél : 07.81.31.89.12

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