Pays de Lorient : construire une intercommunalité proche de la population

Samedi 15 février, des candidats aux municipales à Lorient, Lanester, Hennebont, Ploemeur, Larmor, Inzinzac-Lochrist, Languidic, pays de Plouay, pays de Port-Louis, se sont retrouvés pour affirmer un projet alternatif pour l’agglomération basé sur « l’Humain d’abord».

Le contexte : une intercommunalité envahissante, construite à marche forcée

Lancée dans les années 1970, l’intercommunalité au pays de Lorient a pris une dimension nouvelle, de par le nombre de communes concernées (de 6 à 19, aujourd’hui 25), et de par ses compétences élargies.

Les nouvelles dispositions (mode de scrutin, volonté de couvrir tout le territoire national y compris de façon autoritaire, mise en place de métropoles) font craindre la disparition progressive des communes au profit des intercommunalités et des métropoles, s’inscrivant dans une logique de compétition entre les territoires.

L’intercommunalité a du bon

Il est clair qu’au vu des défis à relever et des attentes nouvelles des populations, l’intercommunalité permet la création d’équipements et la mise en place de projets, de services que les communes, notamment les plus petites, n’auraient pas les moyens de mettre en œuvre : reconversion de la BSM, transports publics, programmes de logements, zones d’activités économiques, gestion des déchets.

Mais…

Il y a aussi des insuffisances, des projets contestables, des failles qu’i convient de corriger. Nous sommes également porteurs de projets novateurs, répondant aux attentes des populations.

Une construction éloignée de la population

Jusqu’à présent, jamais les projets communautaires n’ont été portés ou approuvés par la population, dans la mesure où les habitants ne votaient pas pour les élus communautaires et où les équipes qui se présentaient devant les électeurs n’abordaient pas ou très peu les projets communautaires, alors que c’est eux-mêmes qui allaient les mettre en œuvre.

La tendance lourde est à la prise de pouvoir des techniciens qui font la pluie et le beau temps, d’autant plus que le législateur a rendu le partage des compétences tellement compliqué que le « quidam » n’y comprend pas grand-chose. L’élargissement de l’intercommunalité au pays de Plouay sans le moindre débat public est particulièrement significatif du mépris dans lequel est tenue la population sur ces questions.

Nous proposons de gagner la démocratie à l’échelon intercommunal

  • Renforcer la formation des habitants sur ces questions, notamment dans les conseils de quartier.

  • Créer un lieu d’éducation populaire (« université populaire ») où les syndicats, les associations, les citoyens pourrait se former et intervenir sur les questions intercommunales.

  • Mettre en place des comités d’usagers.

  • Consulter la population, y compris par le vote (référendum local) quand la question se pose de l’élargissement des compétences de Lorient Agglomération ou de l’élargissement du territoire (la question pourra se poser avec la communauté de Bellevue Océan).

  • Le Maire de la ville centre ne doit plus être automatiquement Président de la communauté d’agglomération.

Refuser l’austérité

Tout comme nous entendons mobiliser la population contre la baisse de dotation des communes, nous refusons la baisse des moyens aux intercommunalités.

Dans le même temps, mobiliser l’argent « local », les banques mutualistes, l’épargne solidaire, pour mener à bien des projets d’intérêt collectif.

Renforcer le service public et les solidarités

Le service public est aujourd’hui fragilisé par les cures d’austérité successives, parfois relayés par les collectivités quand elles délèguent au privé une mission qui pourrait très bien être mise en œuvre dans le cadre du service public.

Nous proposons :

  • De privilégier la gestion directe (en régie publique) des services rendus à la population.

  • Affirmer le droit à une eau de bonne qualité en instituant la gratuité des premiers m3 et en augmentant le prix pour les usages de confort (piscines, golfs). Nous voulons inverser la logique actuelle qui fait que plus on consomme, moins on paye.

  • Affirmer le droit à l’énergie en combattant la précarité énergétique, développer le chauffage bois sous maîtrise publique et en développant une filière bois.

  • Affirmer le droit à la santé en créant un centre de santé qui réunisse dans un même lieu un ensemble de professionnels (généralistes, dentistes, infirmières, kinés, etc.) permettant une offre de soins diversifiée, de qualité et accessible à tous (pratique du tiers payant, pas de dépassements d’honoraires).

  • Remettre toute la collecte des déchets sous gestion communautaire directe.

  • Mettre en place la gestion directe par la collectivité du service des transports (CTRL), de la production de l’eau de la production jusqu’à la distribution, des équipements touristiques et de loisirs (SELLOR).

  • Favoriser l’emploi sous statut dans les collectivités locales et à l’échelle de l’intercommunalité. Mettre en place un plan de résorption concrète de la précarité au sein des agents de l’agglomération. Combattre la précarité du personnel, favoriser la mutualisation des moyens pour renforcer les coopérations et les complémentarités (ex de la diversité de l’offre culturelle), sans déposséder les communes de leurs prérogatives, en renforçant le service public (garage ou imprimerie intercommunale par ex).

Face aux dangers du Grand Marché Transatlantique, qui contient le danger d’empêcher les communes d’aider des activités utiles (au nom de la libre concurrence), nous déclarerons le territoire « hors GMT ».

Emploi : mobiliser les énergies et les potentiels tout en contribuant à s’affranchir du tout-libéralisme

Les grands secteurs d’emploi du pays de Lorient sont la construction navale, la pêche, l’agriculture et l’agroalimentaire, les services publics. Face au chômage, il faut encourager l’activité et les implantations d’entreprises, tout en agissant contre un modèle économique libéral basé sur la guerre économique et le profit maximum qui conduit à l’impasse. Nous affirmons une ambition publique forte pour un territoire qui n’est pas épargné par la crise. Nos élus seront du côté des salariés qui luttent pour la défense de l’emploi.

Nous proposons :

  • Développer nos atouts industriels traditionnels, notamment la construction navale, en partant des besoins existants (bateaux de pêches, de protection des côtes, de remorquage, de transports passagers et marchandises, des éoliennes maritimes, filière déconstruction), et en agissant auprès de l’Etat pour qu’il prenne l’initiative en faveur d’une grand pôle de construction navale dans notre Région.

  • Contrôler l’usage des fonds publics en créant une commission décentralisée, rassemblant les représentants des salariés, les élus, les acteurs économiques, pour vérifier que l’argent public aille bien à la création d’emplois pérennes.

  • Encourager les modèles alternatifs au libéralisme, relancer l’activité en développant des programmes de logement.

  • Créer un environnement favorable à l’activité des entreprises : zones d’activité, haut débit, services publics, desserte routière, ferroviaire, maritime ; gestion des déchet

  • La gestion du port de pêche, désormais dévolue à Lorient Agglomération, doit être exercée en lien étroit avec les acteurs du secteur, notamment les marins de la pêche artisanale et les salariés du port.

Transports : se donner de nouvelles ambitions, avec la perspective de la gratuité

La mise en place du Triskell, les transports maritimes, le maillage du territoire par les transports publics de qualité sont des actes positifs.

  • Nous proposons de franchir une nouvelle étape par la mise à l’étude des transports collectifs gratuits, véritable alternative sociale et environnementale à la circulation automobile, financés notamment par « la taxe transports » versée par les entreprises.

  • Dans le même temps il est nécessaire d’améliorer le réseau par une meilleure desserte des communes les plus éloignées de la ville centre

  • Renforcer les complémentarités entre les transports par route, rail mer, fleuves. Nous proposons que des navettes soient mises en place pour accéder à la nouvelle gare afin notamment d’éviter les problèmes de stationnement à proximité.

  • Améliorer la desserte du territoire : gare à Lanester, tram train entre Brandérion et Gestel qui pourrait être étendu jusqu’à Auray et Quimperlé, mise en place de nouvelles haltes ferroviaires et maritimes (Lanester).

  • Développer les déplacements doux : pistes cyclables sécurisées ; extension des transports maritimes en intégrant Gâvres et Lanester ; autopartage ; covoiturage ; parkings relais

Logements : répondre aux attentes sociales et environnementales

De gros efforts ont été faits par la collectivité pour répondre aux attentes en matière de logement, découlant de l’évolution de la société. Mais on voit bien que cela ne suffit pas.

Nous affirmons le droit au logement :

  • Alors que 4800 personnes sont sur la liste d’attente, renforcer nos ambitions en matière de logements sociaux en bataillant pour obtenir des moyens de l’Etat, en contraignant les promoteurs à intégrer 30 % de logements sociaux dans leurs programmes, en mettant la pression sur les communes qui ne respectent pas la loi et ne font pas d’efforts pour atteindre les 25 % de logements sociaux sur leur territoire.

  • Ouvrir en grand le chantier de la réhabilitation, notamment dans les zones rurales ; acquisitions de logements vacants.

  • Se battre pour obtenir des accueils d’urgence.

  • Créer une « coopérative du logement » permettant à la collectivité d’acheter des terrains et des logements pour permettre à des jeunes de s’installer et empêcher la spéculation foncière.

Encourager toutes les formes de l’économie sociale et solidaire

Nous approuvons l’aide de la collectivité en faveur du développement durable et d’une économie et d’une agriculture respectueuse des hommes et de l’environnement.

Nous proposons :

  • Affirmer le droit à une bonne nourriture en développant les circuits courts, l’agriculture biologique, en attribuant des bons d’achats aux populations défavorisées afin qu’elles y aient accès, en encourageant les initiatives type « cantine solidaire ».

  • Promouvoir des filières locales d’alimentation
    Relocaliser la production agricole et la pêche, aider les petits producteurs et organiser une politique de filière : production, transformation, vente directe, approvisionnement des lieux de restauration collective..

  • Promouvoir une agriculture durable pour sortir de l’agriculture intensive traditionnelle qui a fait tant de dégâts environnementaux notamment dans notre région.

Rompre avec une politique de l’image, du prestige, de l’élitisme

Certes il est nécessaire d’accueillir et d’organiser des événements, petits et grands, afin de faire vivre nos équipements et de contribuer à l’animation du territoire.

Mais cela ne doit pas coûter des fortunes (avec des retombées économiques aléatoires) et ne pas bénéficier à des secteurs restreints : course au large, sport d’élite.

Nous proposons :

  • De « réduire la toile » dans l’accueil d’événements nautiques coûteux pour la population, à l’image de la VOR.

  • De prioriser les aides événementielles de la collectivité aux petits clubs, au sport amateur, au sport féminin, à la création artistique.

  • De développer une offre de tourisme populaire, en garantissant notamment une offre de campings.

  • D’affirmer le droit à la culture et aux loisirs par une politique tarifaire accessible et un accompagnement dans les milieux populaires pour faciliter la fréquentation des lieux culturels.

Aménagement, équipements : tout le territoire doit en profiter

Il est logique et efficace de raisonner « pays de Lorient » en termes d’équipements structurants, et des outils comme le SCOT sont utiles pour avoir une vision globale du territoire et des règles collectives. Mais cet aménagement ne doit pas être dicté par la compétition entre les territoires, et doit profiter à toutes les communes.

Nous proposons :

  • Que les équipements bénéficient à toutes les communes. Aujourd’hui, Lorient a pu grâce à l’intercommunalité reconvertir la BSM, moderniser le port de pêche, étendre l’Université, accueillir la CVET, le futur siège de l’Agglo, renforcer de grands événements nautiques, le FIL, le foot, etc. A l’opposé, Languidic ne bénéficie que… d’une déchetterie.

  • Que les équipements profitent au tissu associatif local à des conditions financières préférentielles et dans la transparence ; le parc des expositions à Lanester doit être accessible à la vie associative ; le site de Port-Lay à Groix doit être aménagé pour pouvoir être utilisé toute l’année.

  • Remise à l’étude de La création d’un vélodrome couvert intégrant une piste d’athlétisme et un mur d’escalade dont le projet a été abandonné.

Intégrer les communes rurales en tenant compte de leur spécificité

Les petites communes rurales et les petites communes doivent trouver leur place dans l’intercommunalité : augmentation du nombre de représentants au conseil communautaire, maintien de leur compétence touristique (Vallée du Blavet, Arts dans les chapelles…), maintien de la maîtrise du plan local d’urbanisme par les communes, maîtrise publique du foncier pour permettre l’installation de jeunes agriculteurs.

Repolitiser les enjeux

Aujourd’hui Lorient Agglomération fonctionne au consensus, chaque maire étant vice-président de l’Agglomération, laquelle mettrait en œuvre un projet partagé dépassant les clivages gauche-droite.

Nous proposons de reconnaître l’existence de sensibilités politiques différentes (groupes politiques au sein du conseil) pour ne pas entretenir le consensus ambiant qui laisse croire que l’intercommunalité ne serait ni de gauche ni de droite alors que des choix majeurs relèvent du politique : services publics ou privatisations, résistance ou relais à la politique d’austérité, encouragement aveugle à l’implantation d’entreprises ou exigence de contreparties, concurrence ou coopérations entre les territoires….

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