Il est demandé, à l’occasion de cette enquête, d’évaluer «l’utilité publique» de ce projet d’urbanisation de 27 hectares de terres agricoles.
La première remarque que nous souhaitons faire concerne le périmètre de l’enquête. Il est question pour Lorient Agglomération d’engager quelque 8 millions d’euros dans cette opération qui vise à augmenter la capacité de ses zones d’activités. Il serait logique, en conséquence, que la réflexion soit menée au niveau de l’ensemble de l’agglomération. Pour cela il aurait été souhaitable de produire bien en amont un «résumé non technique» d’une demi-douzaine de pages qui expose l’essentiel de la problématique, de le mettre à disposition des citoyens dans toutes les mairies et d’en assurer la diffusion presse, afin d’engager le débat.
La deuxième remarque concerne la manière dont est justifiée la nécessité de cette urbanisation. À quelques endroits (page 93 de l’étude d’impact et page 4 de la notice explicative, notamment) est mentionnée une étude d’Audélor qui établirait que l’Agglo manque d’espaces dans ses zones d’activités, notamment de grandes parcelles. Mais cette étude n’est pas jointe et la référence n’en est pas donnée. On est donc sommé de prendre acte sans y regarder de plus près. Cela donne même cette phrase effarante de nombrilisme (page 16 de la notice) : «La nécessité d’aménager des espaces d’activités économiques d’intérêt communautaire est issue de l’observatoire économique de l’Agence d’urbanisme et de développement économique (AUDELOR). »
Troisième remarque, le besoin mis en avant dans le dossier est celui de «grands terrains (5 000m2 et plus)». Or, dans les trois scénarios présentés dans le dossier d’enquête, la grande majorité des lots dessinés sont inférieurs à 5 000 m².
Quatrième remarque : en page 17 de la notice explicative, il est indiqué que les terrains actuellement disponibles en zones d’activités représentent environ 34 ha, une information commentée de la manière suivante : «Ce niveau est faible par rapport à la moyenne annuelle de consommation (entre 9,5 ha/an et 14ha/an suivant les périodes). Il correspond en effet à l’équivalent de 2,5 à 3,6 années de consommation.»
Cette manière de présenter les choses, d’accepter cette consommation annuelle d’espace comme si l’on n’y pouvait rien, nous pose problème.
Une autre démarche est possible !
Il faut prendre acte que l’urbanisation à tout va des dernières décennies était une erreur et y mettre fin tout à fait. Ne pas acter qu’on va continuer à consommer une douzaine d’hectares supplémentaire chaque année serait un bon début.
L’effort doit porter d’abord sur les friches industrielles. Cela commence par un recensement sérieux, continu et transparent (une bonne occasion d’avancer dans l’ouverture des données !) qui donne lieu à une cartographie qui permette à tous de bien saisir la réalité de la situation. Pour constituer une fondation solide à la réflexion, ce travail ne devrait pas être le seul fait d’Audélor, mais associer les géographes, les entreprises, les agriculteurs et les associations environnementales.
En somme nous préconisons, comme préalable à une décision sur le Morillon, une redéfinition du Schéma Directeur des Zones d’Activités (l’actuel date de 6 ans)
- sur le périmètre aujourd’hui pertinent des 30 communes du Pays de Lorient (et non plus des 19 communes de Cap Lorient)
- par l’ensemble des personnes intéressées aux questions d’aménagement du territoire
- et, pourquoi pas, en associant, dans un effort de démocratie participative, un jury citoyen tiré au sort
Remarques complémentaires
I) La partie concernant le stationnement (p 339 de l’étude d’impact) relève d’une approche qui n’est pas la nôtre. Il est indiqué que «le stationnement ne pourra constituer un levier de maîtrise de l’automobile». C’est en effet le moins qu’on puisse dire puisque :
- il est prévu 1,2 place de stationnement par emploi pour les établissements industriels (et 0,6 pour les établissements artisanaux).
- il est envisagé que «tout ou partie de l’offre de stationnement nécessaire aux entreprises (soit positionné) à proximité de ces dernières (hors parcelle de l’entreprise)».
Cette offre pléthorique de stationnement, aux frais de la collectivité, est un encouragement à l’autosolisme que nous désapprouvons totalement, alors que l’urgence devrait être aux transports collectifs, aux déplacements actifs (marche, vélo) et aux diverses formes d’auto-partage.
II) Nous partageons les observations et remarques des associations environnementales qui ont déposé dans le cadre de l’enquête, notamment quand elles reprochent au projet de ne pas respecter suffisamment «L’obligation légale (articles L.122-3 et L.122-6 du code de l’environnement et L.121-11 du code de l’urbanisme) (qui) est faite aux maîtres d’ouvrage d’Eviter, de Réduire et de Compenser (ERC) les impacts de leurs projets sur les milieux naturels.»
III) Concernant la mise en compatibilité du PLU de Queven, il est indiqué en page 25 «Pour les secteurs 1AUiz, le nombre de places de stationnement à réaliser est déterminé en tenant compte de la destination de la construction, du taux et du rythme de fréquentation des places, de la situation géographique de la construction au regard des transports en commun et des espaces publics de stationnement existants ou en projet à proximité.». Nous considérons cette formulation insuffisamment normative pour un PLU.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous invitons les commissaires enquêtrices à émettre un avis défavorable au projet de ZAC soumis à enquête publique afin que la réflexion sur les zones d’activités du Pays de Lorient soit reprise plus largement et plus démocratiquement.
Fait à Quéven, le 10 mars 2017
Pour EELV Pays de Lorient
Philippe Ladame