La Commission européenne a décidé d’interdire aux chalutiers pélagiques de pêcher le bar en Manche du 1er janvier au 30 avril.
Pour Olivier Le Nezet, président des Comités des pêches de Bretagne, il s’agit d’une mesure «inacceptable pour la profession, dangereuse économiquement et inefficace en termes de gestion de la ressource». Selon lui, cette décision, qui représenterait un manque à gagner d’environ 30% du chiffre d’affaires habituel, mettrait en péril la survie financière d’au moins 30 bateaux en Bretagne, dont huit dans le seul département du Morbihan.
M. Le Nezet déplore la brutalité de cette interdiction d’autant que, selon lui, des mesures d’encadrement avaient été proposées. «Si elles avaient été adoptées, elles auraient évité une décision aussi brutale», déplore-t-il.
Une analyse que ne partage pas l’association des «ligneurs de la Pointe de Bretagne» qui vient de publier un communiqué d’une toute autre tonalité.
Pour cette association, ce qui est en cause c’est le fait que, pendant des années, la France, contrairement aux autres pays, a «autorisé et encouragé le développement de cette flottille (de chalutiers) opérant sur la ressource « bar » exclusivement pendant la période de reproduction».
Une aberration que les ligneurs mettent sur le compte d’un énorme raté du système français de co-gestion, un système qui fonctionne bien en général, mais qui a échoué dans ce cas particulier. «Ça n’a pas marché parce que très rapidement, les représentants du segment le plus productiviste des pêches professionnelles ont phagocyté les instances décisionnelles, bloquant toute décision courageuse, et initiant années après années les seules mesures favorisant leur prise de profit immédiat sans la moindre considération pour les impératifs de préservation des ressources.
Ce fiasco dans la gestion du bar, c’est la faillite d’un système de représentation professionnelle qui n’a pas su s’appuyer sur une composition paritaire des différentes composantes de la pêcherie. Un système qui n’a pas su associer scientifiques, pêcheurs de loisirs, ONG, élus politiques à un défi qui nous intéresse tous.
Alors quand nos représentants professionnels poussent leurs cris d’orfraie, dénonçant des mesures aux conséquences dramatiques, nous les renvoyons à leur propre responsabilité. Elus présidents de toute une communauté, ils auraient dû défendre les intérêts de tous. Au lieu de cela, ils ont servi les seuls intérêts de leurs électeurs, avec un parti pris coupable et une vergogne sans pareille. Le travers sans doute d’un système électif uniquement fondé sur une représentation
syndicale, naturellement plus à l’aise dans la négociation sociale que sur ces enjeux de gestion des ressources halieutiques.»
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