Les Écologistes du Pays de Lorient viennent de publier une adresse aux professionnels de la pêche.
Mesdames, Messieurs,
Depuis toujours Lorient a le cœur et les yeux tournés vers l’océan. Il fait vivre nos familles depuis des générations. Ici, l’essentiel de l’histoire de notre ville s’est écrit en mer. À chaque époque, nous, habitantes et habitants du pays de Lorient, à terre et en mer, sommes au défi d’anticiper et d’innover, pour allier savoir-faire traditionnels et solutions nouvelles. Pour ne jamais subir ni être à contre-courant.
Nul besoin de travailler en mer pour savoir que sans son port de pêche, sans sa criée, Lorient ne serait plus Lorient. Aujourd’hui, votre activité est en danger… et c’est notre richesse et notre identité commune qui sont menacées. Vous le vivez tous les jours : la pêche bretonne traverse la crise la plus sévère de son histoire. Une crise qui pourrait être fatale à toute la filière locale. Jamais l’avenir n’a été aussi incertain.
Les difficultés sont connues :
- Les conséquences du Brexit et la perte de licences de pêche dans les eaux anglaises.
- La fin du gasoil qui mène à la hausse de ses tarifs et l’enjeu de la décarbonation des pêches.
- La concurrence sur les espaces maritimes avec l’arrivée des parcs éoliens en mer.
- Les déséquilibres des écosystèmes générés par le changement climatique.
- Le manque de marins et de primo-installants associé au plan de casse européen.
- Les pêcheurs qui n’ont pas la main sur la fixation du prix de vente bien souvent trop bas.
- Les fermetures spatio-temporelles liées à la prise des cétacés.
La liste n’est pas exhaustive, mais elle permet de mieux comprendre que face à ces difficultés cumulatives les solutions d’avenir ne peuvent être la répétition des « fausses recettes » qui ont été déployés depuis des années à coup de quelques subventions, comme sur le Gazole par exemple. Au Pays de Lorient, on doit vivre, et bien, de la pêche, pas survivre.
Face aux défis, qui sont globaux, notre territoire doit faire un choix. Vous protéger et vous accompagner ou bien continuer à vous fragiliser avec des « solutions » qui n’en sont plus. Nous déplorons, comme beaucoup, que les choix faits par les responsables actuels loin de vous protéger vous exposent toujours plus à la tempête. Le choix de Lorient Agglomération et de la SEM Keroman d’aller investir des centaines de milliers d’euros à Oman sur le port de Duqm pour ramener par avion du poisson à Lorient, notre port, notre ville, illustre la déconnexion et l’absence de solution qui sont aujourd’hui au pouvoir ! Sauver la pêche bretonne par l’importation de poissons venant de la mer arabique, il fallait y penser… Nous refusons cette rupture avec notre tradition d’innovation et de solidarité car elle fragilise votre activité, et donc, au final, notre territoire.
Même si les défis sont globaux, Lorient peut agir à son échelle – et elle doit le faire ! Nous devons nous concentrer sur l’avenir de notre pêche, sur la protection de notre filière, de nos emplois et de nos savoir-faire, mais aussi sur ses nécessaires transformations face aux défis qui nous attendent. La première étape pour cela est de vous donner la parole, pour vous écouter. La mer est votre métier. Face à une représentation des pêcheurs dont on peut parfois se demander qui et quoi elle défend, nous tenons à recréer des espaces d’échanges et de dialogue.
Le vendredi 12 janvier à Lorient à 19h00, au Foyer Courbet,
nous vous proposons, à vous, les professionnels de la pêche, de venir échanger sur le projet funeste d’Oman, mais surtout de parler de l’avenir de la pêche. En présence, entre autres, de Caroline Roose, Eurodéputée spécialiste des questions de pêche, de Jean Vincent Chantreau, ancien dirigeant d’Oman Fisheries, de Marie Percot, universitaire spécialiste des questions de migration des pêcheurs d’Oman, de Didier Gascuel, Directeur pôle halieutique universitaire, de pêcheurs et ancien pêcheurs bretons tels que David Le Quintrec et Charles Braine.
Lucie Montier, Co-porte-parole du Groupe Local Les Écologistes – EELV
Damien Girard, Conseiller municipal et communautaire